N° 1733 Date : 1004 (circa) Contenu : Catalogue alphabétique de la bibliothèque de S. Bertin contenu dans la suite du cartulaire rédigé par le moine Simon (305 vol.). Témoin(s) : - BOULOGNE-sur-MER, Bibl. mun.146 B (copie faite entre 1148 et 1163 sur un original aujourd'hui perdu). - SAINT-OMER, Bibl. mun. 750 (autre copie 16e s. faite par Dom Allard Tassard). Répertoires : GOTTLIEB, n.395 et p.459. Éditions : voir GOTTLIEB. Renvois : SIMON S. BERTINI abbas *
. A l'analyse, toutes ces informations s'avèrent erronées et il faut reprendre le dossier entièrement.
Plusieurs manuscrits peuvent entrer en considération et modifier la façon dont on comprend l'inventaire ici édité. Soit on divise comme l'édition de Becker et il faut trouver deux manuscrits et interpréter II vol., soit on considère que le catalogueur essaie de décrire les textes contenus à l'intérieur d'un manuscrit.
La mention II vol. peut se lire de plusieurs façons : l'indication porte sur l'entrée précédente et celle-ci en une seule fois (la division proposée par G. Becker n'impose pas que le manuscrit originel ait été disposé de la même façon) : il y aurait donc deux volumes transmettant le cycle complet des In Iohannis euangelium tractatus l'indication indique qu'il y a deux parties et non pas deux volumes séparés, à l'intérieur d'un même volume l'indication indique qu'il y a de multiples exemplaires : cette interprétation peut se superposer aux précédentes, puisqu'il peut y avoir deux exemplaires de tout ou partie du cycle des Tractatus
Le ms. Boulogne-sur-Mer 56, du Xe siècle, porte au f. 2r, une note du dernier tiers du XIIe s. : In hoc volumine contineneturAugustinus de cena domi[ni]sermones .lxx.Sermones eiusdem .xcem. su[per]epistolam JohannisLiber eiusdem de .xcem. co[rdarum] Tractatus eiusdem de confl[ictu] viciorum et virtutum
Il apparaît donc très probable que les deux premiers articles du catalogue décrivent un seul volume qui contient l'ensemble des textes décrits, à savoir le ms. de Boulogne-sur-Mer 56.
La mention II vol.est vraisemblablement une annotation postérieure. En effet, on trouve dans le ms. Saint-Omer, BAPSO, ms. 116, du début du XIIIe siècle, qui contient la deuxième partie des In Iohannis euangelium tractatus. Il commence par une table aux [ff. 1ra-2va] qui s'achève >In hoc volumine continentur hec. Augustinus de cena domini Sermones LXX. Sermones eiusdem X super epistolam Johannis. Liber eiusdem de decem cordis. Item de X plagis. Tractatus eiusdem de conflictu uitiorum et uirtutum<.. Le texte est précédé au [f. 3ra] par la rubrique >Incipiunt Tractatus sancti Augustini episcopi de cena domini<. Cena domini secundum Johannem adiuuante ipso debitis est explicandaIl s'agit du début du Tractatus 55 des traités In Iohannis euangelium tractatus (CPL 0278) décrits à l'item précédent. Au f. 190ra, sous la rubrique >Incipit liber sancti augustini episcopi decem cordarum<, se trouve le sermo 9 (CPL 283).
Il n'est pas impossible que le ms. 116 ait lui-même été précédé par un premier volume.
)Les item numérotés 4 à 8 par G. Becker nous semblent désigner un exemplaire en cinq volumes ou, du moins, subdivisé en cinq parties, des Enarrationes in Psalmos, commençant respectivement au psaumes 1 "Beatus vir" ; 41 "Quemadmodum desiderat" ; 101 "Domine exaudi ; 118 "Beati immaculati" ; 119 "Ad Dominum cum tribularer". L'absence de mention de volume dans cet inventaire ne contrevient pas à cette identification, car elle désigne les subdivisions internes à un même texte et non la description matérielle. Ici, si notre interprétation est correcte, l'unité de l'ensemble n'a pas été identifiée par le catalogueur.
Un exemplaire des Enarrationes de Saint-Bertin était divisé en trois volumes, dont deux sont aujourd'hui conservé à Boulogne-sur-Mer, Bibl. mun., ms. 62, tomes I et II, commençant respectivement aux psaumes 51 et 101. Joanna Fronska date ces exemplaires du deuxième quart du XIIe s. Peut-être s'agit-il ici d'une copie ultérieure d'un exemplaire plus ancien présent à Saint-Bertin.
En effet, il y a avait à Saint-Bertin, un exemplaire des Enarrationes in Psalmos des VIe-VIIe siècles en écriture onciale, dont des fragments subsistent dans le ms. Saint-Omer 150
)Le Liber scintillarum du Défenseur de Ligugé (CPPM II 3250) est, entre autres attributions, transmise sous le nom de saint Augustin
Le ms. Saint-Omer 365, de la fin du XIIIe siècle, est trop tardif pour être proposé comme identification. Il contient le Liber scintillarum, attribué à Bède le Vénérable par la rubrique In nomine sancte et individue Trinitatis. Incipit liber scintillarum venerabilis Bede diversarum sententiarum distinctus (f. 4vb), néanmoins précédé d'une Amonitio sancti Augustini, qui aurait pu faciliter l'attribution fautive. Il ne présente pas de sermons sur l'Apocalypse. Le manuscrit 365, d'une main du Sud de la France et avec l'indication d'une écriture à la Curie romaine, est arrivé assez tôt à Saint-Bertin (ex-libris du XIVe siècle), mais il ne semble pas possible de l'identifier avec l'entrée du catalogue.
)Pour cette identification, deux pistes sont possibles. D'une part, l'on peut faut supposer une erreur dans le catalogue ou dans les étapes successives de sa tradition. En effet, on peut attribuer l'Exameron à Ambroise de Milan et non à Augustin, plutôt que supposer l'identification avec une autre oeuvre d'Augustin. Cette attribution est d'autant plus aisée qu'il s'agit ici de la dernière entrée concernant les oeuvres d'Augustin et qu'elle précède l'ensemble des oeuvres d'Ambroise. Néanmoins, l'Exameron d'Ambroise est bien présent dans la suite du catalogue. On peut supposer un doublon du catalogue ou une autre identification à mener. Si on accepte l'idée d'un doublon du catalogue, l'identification avec Boulogne-sur-Mer 34 est immédiate.
Une autre possibilité est d'identifier le liber exameron avec le traité De Genesi ad litteram libri duodecim (CPL 266) ou avec le traité De Genesi contra Manichaeos(CPL 265)
)et uno...
rend peut-être compte d'une hésitation catalographique.)Le manuscrit Bruxelles 4433-38 contient diverses oeuvres d'Aldhelm, dont le de metris et l'ouvrage homonyme de Servius (f. 50r et suiv.). Au f. 77r, une page de titre en lettres capitales Incipit liber Aldhelmi examtris versibus conpositus de laude virginitatis. Ici aussi, le catalogue nous semble donner le titre de plusieurs oeuvres repérées au sein d'un unique manuscrit. Il n'est cependant pas impossible matériellement que les ouvrages aient été conservés comme libelli séparés à l'époque du catalogue.
La provenance bertinienne est prouvée par la présence d'une mention de 2° folio, et par des copies ultérieures pointant vers Saint-Bertin, voir ci-dessous.
)La signification de (bis.) n'est pas claire. Cette indication réfère peut-être à l'entrée suivante qui pourrait être un doublon et décrire la même oeuvre. Il semble ici plus juste de considérer que le liber metrice désigne les Carmina d'Aldhelm, qui sont de la poésie métrique, tandis que l'entrée suivante correspond au traité théorique.
Dans le ms. Bruxelles 4433-38, les titres des Aenigmata d'Aldhelm sont présents deux fois (d'après Ehwald). C'est peut-être à cela que l'indication réfère.
)Il s'agit peut-être du librum de psalmorum usu, dont Alcuin a rédigé la préface (Clavis Scriptorum Latinorum Medii Aevi, Auctores Galliae 735-987, t. II, 145-148, avec liste de 89 mss contenants la Praefatio). Le ms. Paris, BnF, latin 5338 (f. 143r et suiv.), du Xe siècle, donne le titre laus psalmorum
Le traité De virtutibus et vitiis d'Alcuin est connu par 168 manuscrits (cf. Clavis Scriptorum Latinorum Medii Aevi, Auctores Galliae 735-987, t. I, 153-159).
Le ms. Saint-Omer 71, des XIe-XIIe siècle présente aux f. 80v-89r le De virtutibus et vitiis du moine Albuinus (incipit "Scio vere multum esse beatum qui se solum modo saluat domino"), mais anonyme. Il est peu probable que le catalogue ait restitué l'auteur
Deux oeuvres authentiques d'Alcuin peuvent être envisagées : De fide sanctae et individuae Trinitatis (CSLMA-AG, II, ALC28) et De Trinitate ad Fredegisum quaestiones XXVIII (CSLMA-AG, II, ALC36) , connus respectivement par 92 et 69 manuscrits. Le De fide est bien attesté sous le nom De Trinitate : par exemple, le ms. Troyes, BM, 483 donne la rubrique Libri .III. de trinitate quos expressit Alcuinus de libris sancti Augustini.
collectaneum
est uniquement attesté chez Loup de Ferrières, dans sa lettre 76, à propos du manuscrit Orléans, Bibl. mun. 84, qui ne porte pas ce titre non plus. Il précise la description des deux exemplaires, dont l'un perdu, d'après les notes de dom Mabillon (p. 341-345)) (Au f. 1r du ms. 91 de Saint-Omer se trouvent plusieurs notes de titres étalées entre le IXe et le XIVe siècle qui comprennent toutes les mots collectio, collectiones ou liber collectionum )Bède le Vénérable est l'auteur de deux ouvrages scientifiques : de temporibus et de temporum ratione
Le ms. Paris, BnF, latin 7296 finit par la rubrique Explicit Domino juvante Beda presbiteri liber de temporibus. L'identification proposée ici est très incertaine et n'est à considérer que comme hypothèse de travail.
Une note des XIIe-XIIIe s. se trouve dans ms. Saint-Omer 91, f. 1r : Nicholae, pete Bedam de temporibus. Cette note est peut-être un message interne à l'abbaye Saint-Bertin et peut signifier que le livre était déjà perdu à cette époque.
)Cette entrée peut être interprétée de deux façons : (1) In Marci evangelium expositio (CPL 1355), faisant le pendant au numéro précédent qui décrit le commentaire sur l'évangile de Luc ; (2) Homiliarum evangelii libri II (CPL 1367)
Le ms. Boulogne-sur-Mer 75, contenant les Homiliae evangelii est donné par B. Bischoff (t. I, p. 143) à Saint-Vaast d'Arras et il propose d'en faire une partie détachée d'Arras, BM, 739 (333)
Le ms. Boulogne-sur-Mer 16 bis provient assurément de Saint-Bertin, mais il contient l'ouvrage du pseudo-Bède sur le Pentateuque et son titre initial est Incipit explanatio Bede presbiteri super quinque libros Moysi. L'attribution autorise l'identification, mais ne permet pas de conclure avec certitude puisque la formulation ne correspond pas avec un super genesim qui fait penser que Saint-Bertin possédait aussi l'ouvrage authentique sur la Genèse.
)Le manuscrit Saint-Omer 350 correspond bien à l'entrée du catalogue. Il est aujourd'hui relié à la suite d'un autre manuscrit et le titre et la table de l'oeuvre sont au f. 56v, mais d'une main plus récente. Il a donc parfaitement pu être indépendant.
Le manuscrit Boulogne-sur-Mer 63, qui date du milieu du XIIe siècle, contient le traité De anima aux ff. 1vb- 14rb, en tête de l'Expositio psalmorum couvrant les psaumes 1 à 50. Le manuscrit semble trop tardif pour correspondre à cette entrée du catalogue, mais il peut reproduire un modèle qui expliquerait pourquoi la première cinquantaine semble absente de cet inventaire
)Une seule oeuvre de Prosper d'Aquitaine se divise en quatre parties, le De ingratis. Aucun manuscrit n'en est connu (Michael P. McHUGH, Observations on the Text of the Carmen de Ingratis, in: Manuscripta 14 (1970) 179-185) et il semble que l'édition princeps de 1539 (Lyon, S. Gryphe) soit la base des éditions ultérieures (Miroslav Marcovich, Prosper of Aquitaine, De Providentia Dei: Text, Translation, and Commentary, Leiden, Brill, 1989). La division en quatre livres remonte à l'édition traduite de L. I. Le Maistre de Sacy, de 1647 qui dit, dans son avant-propos : "ie l’ay diuisé en quatre Parties, tant pour soulager les Lecteurs, que parce que cette diuision s’est trouuée naturelle selon la diuersité des matieres qui y sont traitées".
Il pourrait aussi s'agir du traité De vita contemplativa de Julien Pomère, divisé en trois livres et attribué à Prosper d'Aquitaine dans le manuscrit de Clairmarais (Saint-Omer, BASO, 213) qui dépend peut-être du témoin de Saint-Bertin (liste des manuscrits non consultée :M. L. W. Laistner, The influence during the Middle Ages of the treatise De vita contemplativa and its surviving manuscripts, dans Miscellanea Giovanni Mercati, vol. II. Letteratura medioevale (= Studi et testi 122), Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1946, p. 344-358).
Le manuscrit Boulogne-sur-Mer 48, en revanche présente, après l'Enchiridiond'Augustin, les oeuvres suivantes avec attribuées explicitement à Prosper : (1) Epistola ad Rufinum de gratia et libero arbitrio (55r-65r ; CPL 516) ; (2) Responsiones pro Augustino ad capitula objectionum Gallorum (65r-78r ; CPL 520) ; (3) Responsiones pro Augustino ad capitula objectionum Vincentianarum (78r-86r ; CPL 521)) ; (4) Responsiones pro Augustino ad excerpta Genuensium (86r-97r ; CPL 522), elles-mêmes suivies par le De octo Dulcitii quaestionibus (CPL 291) d'Augustin (97r-118v). Il apparaît ainsi que les libri IIII ne représentent sans doute ni quatre manuscrits distincts, ni quatre livres d'une même oeuvre, mais quatre ouvrages distincts à l'intérieur d'un même volume.
)sancti Gregorii
abrégé par "s." suivi de "g" et tilde, puis "g" et point.